Un rêve éveillé
« Une place pour … » vous propose chaque mois de découvrir ou de redécouvrir un grand ballet classique ou une pièce majeure moderne ou contemporaine.
En ce mois de décembre pour notre premier numéro quoi de mieux que commencer par « Casse Noisette », LE ballet de Noël par excellence !
Avec son sapin de noël gigantesque, ses flocons aux tutus extraordinaires ou encore le pays des Délices, c’est le ballet qui fait rêver petits et grands. Toujours à la frontière entre le rêve et réalité mais aussi avec une part de mystère Casse Noisette est un véritable chef d’oeuvre du 19ème siècle qui n’a pas pris une ride !
Ballet en deux Actes
Durée totale : 1h30
Chorégraphie initiale
Lev Ivanov/Marius Petipa
Musique : Piotr Ilitch Tchaïkovski
Inspiration littéraire : d’après le conte de E.T.A Hoffmann
Rédaction & Recherche
Manon RAMAGE
CONTE DE FÉE ?
Une histoire pas si féerique pour certains …
SUCCÈS IMMÉDIAT ?
Personne n’était emballé par le projet initial
ADAPTATION
Il a suscité une vraie frénésie créative …
LES PERSONNAGES :
Clara ou Marie
Le prince /Le Casse Noisette
Le Drosselmeier
Fritz
Le roi des souris
La fée dragée
La reine des flocons
La poupée
L’Arlequin
San Fransisco Ballet
L’histoire de Casse Noisette
ACTE I
Premier tableau :
L’histoire se déroule au tout début du 19ème siècle probablement à Nuremberg comme dans le conte dont elle est tirée.
L’Ouverture nous présente une foule d’invités déambulant dans la rue le soir de Noël les bras chargés de paquets. Ces personnages se pressent en réalité vers une grande et belle demeure.
Le rideau se lève sur la maison des Stahlbaum, où Clara, son petit frère Fritz et leurs parents terminent la décoration du sapin de noël afin que tout soit fin prêt pour accueillir les invités. La Famille, les amis et le mystérieux oncle Drosselmeier sont tous réunis pour fêter le réveillon de Noël. Ce dernier n’est pas venu les mains vides mais avec un énorme sac dans lequel se trouve une multitude de jouets qu’il se fait un plaisir de distribuer aux enfants. Ceux-ci en sont tellement heureux qu’ils dansent au son d’une marche et d’un petit galop. Les parents déguisés avec des tenues extravagantes viennent un peu plus combler la joie des enfants en distribuant des sucreries. Drosselmeier impressionne un peu plus les invités en présentant une poupée et un soldat grandeur nature qui exécutent tour à tour une danse endiablée.
Seule Clara semble quelque peu déçue puisqu’elle n’a toujours pas reçu son présent. Elle décide donc de le réclamer au Drosselemeier. Celui-ci n’a malheureusement plus rien à lui donner, dans certaines versions Clara va pleurer dans les bras de sa mère, dans d’autres elle reste souriante. Le Drosselmeier fais apparaitre pour elle un casse noisette soldat en habit d’apparat qui enchante Clara. Mais son frère Fritz jaloux de ce splendide jouet le casse. Drosselmeier le répare, Clara le berce et le range dans la maison de poupée. Tous les invités quittent la maison et les hôtes vont se coucher.
Dans la nuit Clara se lève pour voir si son casse noisette va bien. Au douze coups de minuit des souris envahissent la pièce et empêchent Clara de fuir. Par chance la petite fille rétrécit pour atteindre la taille d’un jouet, le casse noisette prend vie et avec son armée terrasse le roi souris. Le casse noisette se transforme alors en prince.
Deuxième tableau
Le prince emmène Clara au château de Confiturembourg, au royaume des Délices. Sur le chemin ils traversent une foret de sapin enneigés et ont la chance d’admirer des flocons tourbillonner au rythme d’une valse mélodieuse et hivernale.
ACTE II
Troisième tableau
Au pays des Délices Clara et le Prince sont accueillis près du fleuve essence de Rose par la fée Dragée et le Prince Orgeat ainsi que leur suite. Le Casse Noisette (transformée en Prince) raconte à la fée comment il a sauvé Clara. La fée décide donc d’ouvrir les festivités pour ces deux invités.
S’enchaine alors la danse espagnole (représentant le chocolat), la danse arabe (représentant le café), la danse chinoise (représentant le Thé), la danse russe (Le trépak), la danse des mirlitons, la danse de la mère Gigogne et des polichinelles, la valse des fleurs, le grand pas de deux de la fée Dragée et du Prince Orgeat et la valse finale.
A l’issu de ce fabuleux voyage Clara se réveille au pied du sapin de noël, le casse noisette dans ses bras et le rideau se ferme. Dans la version de George Balanchine Clara et le Prince partent tous les deux à bord d’un traineau magique. Cette fin est plus fidèle au conte d’Hoffmann puisqu’elle laisse le rêve se réaliser.
Bolshoi
Bolshoi
Une histoire plus noire qu’elle n’y parait pour certains
Certains metteurs en scènes décident de mettre en scène l’histoire qui s’est produite avant l’ouverture une aventure qui n’est pas vraiment gaie à inverse de ce fabuleux ballet. Mais pas tout le monde le fait cela dépend de la mise en scène choisie.
En effet, dans certaines versions Clara, s’est faite enlever par des révolutionnaires lorsque son père, un grand Duc est assassiné. Dans ce cas le ballet commence par cette scène d’enlèvement et se poursuit 14 ans plus tard lorsque on assiste aux fêtes de noël ces les Stahlbaum qui ont adoptés la petite Clara.
Mais cette dernière reste traumatisée par l’enlèvement et ne se sent pas à sa place dans cette famille où elle ne s’entend pas avec ses frères et soeurs. Dans cette version le Drosselmeier fait en sorte que le jouet qu’elle portait lors de son enlèvement – le casse noisette – prenne vie. A partir de là il s’agit d’une véritable confrontation entre Clara et son passé douloureux. Le Drosselmeier conduit l’enfant dans un pays exotique où le casse noisette se transforme en prince et raconte que ce sont les révolutionnaires qui lui avaient jetés un sort lui donnant cette apparence de jouet. Mais l’amour que lui porte Clara l’en a délivré.
Clara ou Marie ?
Dans certaines production Clara s’appelle Marie. En réalité dans le conte d’Hoffmann la jeune fille s’appelle Marie et Clara est le nom de l’une de ses poupées.
Dans le ballet l’un des deux noms est choisi par le metteur en scène.
Un succès aujourd’hui mais un échec à sa création
Bien qu’aujourd’hui Casse Noisette soit devenu un ballet incontournable et suscitant un énorme intérêt autant du côté des chorégraphes que du côté du public ce n’a pas toujours été le cas.
Comment expliqué qu’un ballet qui connait un tel succès depuis de nombreuses année s’est soldé par un échec lors de sa première présentation au public ?
Il faut d’abord remonter au processus de création du ballet. Tchaikovsky lui-même, choisi pour composer la musique, n’était pas emballé par le projet et ne croyais pas au succès du ballet.
En effet, en 1891 lorsque le conseil d’administration du théâtre impérial de St Petersbourg charge Tchaikovsky de créer un spectacle composé d’un opéra et d’un ballet, le contenu de ce spectacle imposé par le chorégraphe Marius Petipa n’enchante pas le compositeur.
Le livret écrit par Marius Petipa s’inspire du conte d’Alexandre Dumas « Histoire d’un casse noisette » qui se trouve être une version plus légère de conte original écrit par Hoffmann. Tchaikovsky qui est obligé de le respecter à la lettre dans sa mise en musique du spectacle trouve ce livret mièvre, sans intérêt et beaucoup trop édulcoré. Ce qui l’aurais poussé à accepter cette commande c’est la grande estime de son frère pour le conte d’Hoffman. De plus Tchaikovsky n’est pas tout à fait satisfait de sa composition musicale.
Les répétitions du ballet commencent en septembre 1892, et Marius Petipa suite à des problèmes de santé est obligé de se faire remplacer par le second maître de ballet au théâtre Marinski de St Petresbours, Lev Ivanov. De vraies enfants sont choisis pour interpréter les rôles de Fritz et Clara, ils étudient à l’école impériale du ballet de St Petersbourg.
Lors de la première le 18 décembre 1892 au théâtre Marinsky la musique plait et reçoit de nombreuse éloges à la surprise de Tchaikovsky. En revanche le livret et la chorégraphie sont violemment critiqués. On regrette le choix des enfants dans les rôles principaux, le fait que la danseuse étoile n’est pas de partie centrale.
1ère représentation 1892
critique aussi le fait que la danse arrive trop tard, on trouve le ballet sans profondeur et qu’on a réduit le conte d’Hoffmann à un spectacle doucereux.
Le Ballet est tout de même inscrit au répertoire du Théâtre mais sans être souvent représenté. En réalité il en est réduit à être dansé pour le spectacle de fin d’année de l’école de danse.
Après un passage aux Etats-Unis et en Europe il va reprendre un intérêt en Russie avec la version de Youri Grigorovitch (danseur, chorégraphe et directeur du Bolshoi) en 1966. Cette version qu’il recrée est très célèbre et encore beaucoup dansée aujourd’hui.
En route vers le succès
Les ballets russes qui en donne des représentations en Europe et aux Etats Unis permettent au ballet de ne pas tomber dans l’oubli. Le dessin animé Diney Fantasia qui sort en 1940 contribue largement à la diffusion de la partition de Tchaikovsky auprès du public. C’est avec l’adaptation de George Balanchine que cela devient une véritable tradition de Noël.
La version de GEORGE BALANCHINE
En 1954 George Balanchine va ré-inventer totalement les costumes et la chorégraphie, les costumes et les décors. Son but est d’en faire un ballet qui émerveille le public par le déploiement de costumes, chorégraphies et décors spectaculaire qui contraste avec le côté épuré de ses propres ballets. Il fait un hommage à Marius Petipa en assurant totalement le côté féerique du ballet classique et cela devient presque un hommage la danse classique. Depuis chaque année le New York City Ballet danse tous les ans et la télévision américaine diffuse tous les ans le ballet le soir de Noël ce qui contribue à son succès.
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Cette version a aussi connu la critique mais dans une moindre mesure. En effet, on a dit que les danse « arabes » et « chinoises » du deuxième acte qui représentait la fascination au 19ème siècle apparaissait dans les années 50 comme des stéréotypes pouvant apparaitre comme raciste. De plus la représentation des femmes qui sont tantôt fatales ou délicate dans le ballet pouvait influencer les aspirations des petites filles. Mais à l’époque il s’agit plus d’uns prise de conscience que d’une réelle critique.
Quelques chiffres concernant cette version du ballet :
- 90 danseurs
- 150 costumes
- 600 a 700 éléments de lumière
- 60 personnes en coulisse
- 62 musiciens
Le succès qui suscita une frénésie créative
Malgré ces difficultés du début et grâce à la version de Balanchine le ballet à connu un énorme succès et a entrainer ce que l’on peut qualifier de réelle frénésie créative. On peut le contester grâce au nombre incalculable de versions du ballet qui ont été crées autant en restant dans un style classique que dans d’autres registres plus moderne, contemporain et même Hip Hop.
Quelques uns des plus grands chorégraphes/danseurs ont donnés une version de ce ballet.
En 1967 c’est Rudolf NOUREEV pour le Ballet Royal de Suède puis le fait entrer au répertoire de l’Opéra de Paris. Sa version va donner une version beaucoup plus inquiétante et sombre au ballet ce qui le rapproche plus du conte d’Hoffmann. Il ne traite pas que le côté rêve mais traite aussi le côté cauchemar. Rien n’est jamais tout blanc ou tout noir et c’est ce qu’il met en scène ici, une petite fille évoluant entre rêve et cauchemar et tiraillée par le passage de l’enfance à l’adolescence avec les problèmes qui l’accompagne comme l’éveil de la féminité chez Clara. Dans cette version NOUREEV ne laisse pas planer le doute Clara rêve et les parents
Version de Noureev
réapparaissent à la fin. De plus dans sa version les personnages les moins sympathiques de la partie du rêve de Clara (souris, chauves souris gardienne du pays des délices etc.) sont une transposition de sa propre famille et des invités de la soirée. Ainsi seul le casse noisette transformée en prince apparait comme une personne idéale qui sauve Clara au milieu du chaos. Dans cette version le casse noisette prend les traits du Drosselmeier.
Baryshnikov a aussi créé sa version en 1976.
DES VERSIONS PLUS MODERNES
En 1991 Mark MORRIS donne une version plus moderne de casse noisette. Il refait le ballet totalement en traitant de thèmes tel que l’homosexualité. L’intrigue se passe dans le New York des années 60. Cette version revisite avec humour le ballet. La valse des flocons est notamment dansée par des hommes en tutus et sur pointe.
Version de Mark Morris
En 1996 Donald BYRD créer une version qu’il nomme Harlem Nutcracker sur une musique jazz et une chorégraphie qui mélange les styles. Clara est âgée et pour une soirée son défunt mari lui est rendu et ils explorent ensemble des lieux leur rappelant leur jeunesse.
En 2013, Jean Christophe MAILLOT en a créer une version contemporaine à Monte Carlo et l’intrigue se passe dans un cirque. La volonté du chorégraphe est de mettre en avant le côté festif et d’en faire quelque chose de visuellement féérique.
Liens vidéos conseillés :
Valse des fleurs de la plus belle version de casse noisette (pour moi) :
https://www.youtube.com/watch?v=7FjXjEKpjCw
L’ancien directrice de l’opéra de Paris présente Casse Noisette de Rudolf Noureev et nous en montre des extraits :
http://www.dailymotion.com/cdn/manifest/video/x1dt5xh.m3u8?auth=1481383385-2562-mb0w67kg-8fb61f05ace4fa7a1da2af985a492e0c
La valse des flocons de Mark Morris dansé par des hommes :
https://www.youtube.com/watch?v=6jTPvixI-lU
https://www.youtube.com/watch?v=zAAZGX1BaQw
The Harlem Nutcracker extrait :
https://www.youtube.com/watch?v=F8YxOc1ZD6s
Version contemporaine de Jean Christophe MAILLOT :
https://www.youtube.com/watch?v=u_PSYOdSuRQ
Extrait du Bolshoi :
https://www.youtube.com/watch?v=Vcx69KvfpZA